Sport et kinésithérapie
Plusieurs situations peuvent expliquer qu’on ressente une douleur au pubis. Le plus souvent, ces douleurs concernent des sportifs en situation de surmenage ; mais ce n’est pas la seule cause possible. Quels sont les symptômes caractéristiques d’une douleur au pubis ? Comment est posé le diagnostic et quels sont les traitements ?
Les douleurs au pubis sont appelées pubalgies dans le langage médical. Il ne s’agit pas d’une pathologie en soi, mais simplement d’un symptôme qui peut correspondre à différents types de lésions. Selon que le problème est d’origine tendineuse, musculaire ou articulaire, la douleur va se manifester de différentes manières, et s’accompagner ou non d’autres symptômes.
Pour bien comprendre ce qu’est une pubalgie, il faut d’abord délimiter la région du pubis : celle-ci se situe entre le bas du ventre et les organes génitaux. La majorité des douleurs dans cette zone du corps apparaissent de manière progressive. Au début, elles se manifestent seulement lors de mouvements bien précis, comme un changement d’appui ou un tir au football. En l’absence de traitement, la douleur finit par se manifester dans les gestes du quotidien, et même parfois au repos.
En général, les douleurs pubiennes sont liées à la sur sollicitation d’un tendon ou un muscle, elle-même souvent favorisée par un déséquilibre musculaire. Cela explique que les sportifs, en particulier les footballeurs, soient les plus touchés par la pubalgie. La danse et la gymnastique sont d’autres sports connus pour entraîner un surmenage des muscles et tendons de cette zone du corps.
Les sportifs ne sont pas les seuls concernés : les femmes enceintes en particulier, se plaignent souvent de douleurs au pubis à partir du 6ème mois de grossesse. En effet, à ce stade de la grossesse, les modifications hormonales entraînent un relâchement des ligaments dans la zone pelvienne, pour préparer le corps au passage du bébé ; cette modification peut entraîner des douleurs, qui disparaissent spontanément après l’accouchement.
De manière générale, on parle de pubalgie pour désigner les douleurs, souvent d’origine sportive, qui correspondent à une ou plusieurs des pathologies suivantes :
Parfois, la douleur peut aussi venir d’une fracture osseuse dans la région pubienne. Les femmes ménopausées et les seniors sont plus à risque pour ce type de fracture, à cause de l’ostéoporose. Il est bon de savoir que le pubis et le bassin en général font partie des zones du corps les plus sujettes aux fractures de fatigue chez les sportifs.
Le diagnostic d’une pubalgie se fait en trois étapes : l’interrogatoire, l’examen clinique, et les examens complémentaires. Un des objectifs de ce diagnostic est d’éliminer les autres causes possibles de la douleur (diagnostic différentiel) pour confirmer qu’il s’agit bien d’une pubalgie, c’est-à-dire d’une douleur d’origine musculaire, tendineuse ou articulaire liée à un surmenage. En effet, les douleurs au pubis peuvent aussi être secondaires à une fracture de fatigue, une pathologie de la hanche, un dérangement intervertébral, ou des pathologies plus importantes (maladie neurologique, rhumatisme inflammatoire…).
Si vous consultez pour une pubalgie, votre médecin va d’abord vous interroger sur votre douleur, la manière dont elle se manifeste, et le contexte dans lequel elle est apparue. Si vous êtes sportif, les questions porteront sur vos habitudes d’entraînement et les éventuels changements, le type de terrain, et tout autre facteur jugé pertinent.
Pour évaluer l’avancement de la pathologie, le médecin cherchera aussi à savoir si les douleurs se manifestent seulement pendant un type d’effort particulier, ou également pendant des efforts quotidiens comme la marche, et au repos.
L’examen clinique est systématique en cas de douleur pubienne. Il comporte une palpation des muscles et des tendons, une évaluation de la posture, la recherche d’une hernie inguinale, ainsi qu’une évaluation de la force et de la souplesse des muscles (testing musculaire). Ce testing est effectué pour les ischio-jambiers, les adducteurs, mais aussi le psoas, le grand droit et les rotateurs de la hanche. En général, la douleur est unilatérale (un côté est plus douloureux que l’autre).
L’examen recherche également ce que l’on appelle le signe de Malgaigne, une voussure au niveau de l’aine qui apparaît lorsque le patient cambre le dos. Celle-ci est plus marquée lors de la toux, et s’accompagne d’une douleur lors de la palpation des orifices inguinaux.
Les éléments recueillis lors de la consultation médicale doivent être précisés et confirmés par des examens d’imagerie, et des examens sanguins dans certains cas.
En général, pour une pubalgie, l’examen pratiqué est une radiographie du bassin, de face et debout. Elle permet de détecter d’éventuelles fractures osseuses, et d’observer les signes caractéristiques d’une tendinite des adducteurs.
Parfois, d’autres examens sont demandés pour préciser le diagnostic :
Lorsque le patient est sportif, il peut arriver que les douleurs soient liées à des micro-traumatismes qui fragilisent les os du bassin, créant un terrain propice aux infections. Pour détecter une infection, des examens sanguins sont requis.
La prise en charge de votre douleur dépend de son origine, d’où l’importance du diagnostic et des examens médicaux.
En cas de fracture, le choix du traitement dépend de plusieurs paramètres, notamment la gravité et la complexité de la lésion, et l’âge du patient.
En cas de fracture de fatigue, le repos total est nécessaire, c’est-à-dire que l’activité sportive doit être arrêtée pendant plusieurs semaines, et parfois plusieurs mois. Ce repos est indispensable pour que l’os puisse se reconstruire. Quant à la chirurgie, elle est relativement rare en cas de fracture de fatigue. Un autre élément important est la prévention, qui passe par une adaptation de la routine sportive : éviter d’augmenter brutalement la charge d’entraînement, soigner l’échauffement et les étirements, sans oublier l’alimentation et le sommeil.
Lorsqu’une personne âgée se fracture le bassin après une chute ou un petit accident, on opte généralement pour un traitement orthopédique, complété par une rééducation douce. En cas d’instabilité du bassin, la chirurgie peut être indiquée.
Quant aux fractures graves du bassin, causées par des accidents violents, elles constituent une urgence médicale ; en effet, elles s’accompagnent généralement de lésions graves, qui peuvent mettre la vie en danger.
Le traitement de la pubalgie du sportif se fait en deux étapes :
Pour soulager une pubalgie, le premier élément indispensable est le repos, qui s’étend généralement sur plusieurs mois. La douleur est ensuite diminuée par un traitement médicamenteux ; le plus souvent, les médecins prescrivent des anti-inflammatoires non stéroïdiens. La mésothérapie est une autre option possible.
Tant que la douleur est présente, l’exercice physique est déconseillé. La rééducation a donc lieu dans un deuxième temps, une fois que les symptômes ont diminué. Son principal objectif est la correction des déséquilibres musculaires (renforcement des abdominaux pour compenser les adducteurs et les cuisses) mais aussi la correction de la posture. En effet, une cambrure excessive du dos favorise la pubalgie, à cause des contraintes exercées sur les abdominaux.
Le kinésithérapeute accompagne aussi les sportif dans ce que l’on appelle la réadaptation à l’effort : c’est-à-dire une reprise progressive du sport, en commençant par des activités douces qui ne présentent pas de risque pour la zone pubienne (sports dans l’axe comme la natation ou le vélo). La reprise de la discipline pratiquée (football le plus souvent) ne s’effectue que dans un dernier temps, si et seulement si la condition physique du patient le permet. La progressivité de la réadaptation est indispensable pour prévenir les récidives.
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