Rééducation
La tendinite d’Achille, ou tendinite du tendon calcanéen, ou encore plus généralement la tendinopathie, concerne les blessures et les atteintes du tendon d’Achille en dehors des ruptures traumatiques. Il s’agit donc d’une atteinte progressive.
Il s’agit d’une douleur localisée en regard du tendon d’Achille, augmentée lors de l’étirement du tendon et majorée au réveil le matin.
Cet article référence fait le point en 2024 sur les définitions, les origines de la pathologie et le traitement kiné qu’il convient de mettre en place pour guérir efficacement.
Dans cet article je parlerai de tendon d’Achille car c’est l’expression que les lecteurs connaissent mais en médecine nous utilisons plus volontairement l’expression “tendon calcanéen” pour la structure anatomique et le mot “tendinopathie” pour la pathologie car il décrit mieux la complexité des atteintes à ce niveau. Dans certains articles, on retrouve même l’expression “organe enthèse” tant l’anatomie est particulière à ce niveau.
Le cas le plus fréquent est un patient qui présente une douleur progressive du tendon d’Achille causée par une surcharge d’entraînement et un “overuse” ou surutilisation du tendon. Soit par un entraînement trop important en volume, intensité, répétitions, vitesse, manque de temps de récupération, soit une reprise d’entraînement trop rapide et sans progression dans le temps, soit une reprise du sport.
Il y a une différence entre tendinopathie du tendon d’Achille et rupture tendineuse ou déchirure du tendon d’Achille. La rupture totale ou partielle du tendon d’Achille est toujours aiguë et traumatique. La rupture survient chez un sportif autour de 30 ans sans antécédents de douleur sur un effort brutal.
Depuis les années 2000, une meilleure compréhension de la pathologie tendineuse a permis d’importantes améliorations dans les traitements, sans toutefois révolutionner la pratique. Le modèle du tendon overuse injury décrit dans la littérature scientifique par Cook et Purdam est dorénavant celui qui fait autorité. Ce modèle théorique présente toutefois des critiques que nous énumérerons plus loin.
Le tendon d’Achille est une structure complexe, peu innervée et peu vascularisée. Nous le redirons souvent dans cet article alors notez le bien dès à présent car cela permet la compréhension de tout le traitement, de la prévention et des durées de guérison. Il n’existe pas de lien entre tendinite d’Achille et la pratique des sports, la tendinite d’Achille concerne autant les sédentaires que les sportifs.
En revanche, il existe une relation entre la quantité de sport et d’activité physique et la tendinite d’Achille.
L’augmentation brutale de la charge d’entraînement est le facteur principal de la survenue d’une tendinite d’Achille. Le cas le plus fréquent est une personne qui est peu sportive ou sédentaire et qui décide de reprendre la course à pied dans le but de “retrouver la ligne” en perdant du poids. Bien souvent, ce patient reprend la course trop rapidement, sans progressivité, se blesse quelques semaines après la reprise. Effectivement, 80% des coureurs se blessent dans leur première année de pratique.
Une modification radicale et brutale des chaussures ou des terrains d’entraînement, peut aussi être considérée comme facteur de risque de survenue d’une tendinite d’Achille.
La plupart du temps la douleur s’est installée progressivement et elle est d’abord remarquée lors de la marche et associée à une augmentation brutale du volume d’entraînement (patient qui se remet au sport et plus particulièrement à la course à pied, reprise des entraînements au début de saison, augmentation du volume d’entraînement en vue d’une compétition, ou un changement de chaussures, ou un changement de terrain d’entraînement).
On retrouve très souvent aussi une douleur lors du début des entraînements, “à froid” et des difficultés le matin au réveil avec de la raideur et des douleurs augmentées lors du lever.
Le traitement des tendinites d’Achille quelle que soit la forme doit être traitée par de la kinésithérapie, et notamment des exercices actifs visant le renforcement musculaire et l’adaptation du tendon aux contraintes subies. En général, il faut s’armer de patience car cela nécessite 3 à 12 mois pour enregistrer une réelle amélioration des symptômes.
Dans les années 80, la tendinite était comprise comme une maladie inflammatoire du tendon et était traitée par des anti-inflammatoires et de la kinésithérapie, avec parfois de très bons résultats et parfois sans résultats, sans que la compréhension ne soit claire quant à ce qui marche et ce qui ne marche pas.
Mais dans les années 90, les études histologiques menées sur des patients avec une indication chirurgicale ont montré que les cellules marqueuses de l’inflammation étaient absentes. Donc la tendinite n’est pas une maladie inflammatoire et les anti-inflammatoires ne vont pas être très utiles. Nous y reviendrons plus loin.
Aujourd’hui, il existe des preuves que des cellules inflammatoires sont présentes au sein du tendon mais il est très peu probable que ces cellules soient responsables de la maladie et de la douleur tendineuse. Du reste, les traitements inflammatoires permettent de réduire la douleur mais ne guérissent pas les patients avec des tendinites d’Achille.
Il est fort probable que cela soit la composante antalgique du médicament anti-inflammatoire qui soit responsable de la disparition de la douleur le temps du traitement. Il existe un effet rebond à l’arrêt des anti-inflammatoires avec une reprise de la douleur, souvent plus forte qu’au début.
Les auteurs ont montré que la distinction entre tendon sain et tendon dégénératif était trop simpliste pour être vraie et ils ont proposé un modèle de continuum en 3 stades d’évolution de la pathologie.
Il s’agit d’un état de réponse aiguë du tendon en réponse à une surcharge mécanique de contraintes sur les fibres du tendon. Les contraintes sont de la compression du tendon ou bien des tractions excessives sur le tendon. Les fibres du tendon répondent et prolifèrent en produisant des protéines de réparation comme les protéoglycanes. Le tendon s’épaissit et permet ainsi de réduire la contrainte momentanément. Cette adaptation est différente de l’adaptation temporaire du tendon à la contrainte qui se traduit par un enraidissement du tendon pour réduire la contrainte.
A ce stade, les imageries montrent de léger signes comme un discret épaississement du tendon et très légèrement une désorganisation des fibres de collagène.
Le tendon se dégrade plus que le stade précédent et les lésions s’aggravent. La dégradation de la matrice tendineuse est plus marquée. Les cellules tendineuses (fibroblastes) sont plus épaissies, plus rondes. On note une désorganisation des fibres et de la matrice tendineuse qui peut se rompre. A ce stade, il existe une néo vascularisation du tendon avec des vaisseaux et des nerfs qui pénètrent et croissent à l’intérieur du tendon.
La distinction entre le stade 1 et le stade 2 peut être difficile cliniquement et c’est l’imagerie échographique couplée au Doppler pour étudier la vascularisation ou IRM qui permet de faire la différence.
A ce stade, on constate des micro ruptures ou l’existence d’une petite fissure intra-tendineuse qui peut être réversible mais à condition de stopper les activités responsables des lésions et de mettre en place un traitement adapté.
Il s’agit du stade final d’évolution de la surcharge tendineuse. Il peut exister une fissure intra tendineuse importante. Les lésions et les modifications décrites aux stades 1 et 2 sont amplifiées et il peut exister une mort cellulaire qui conduit à l’absence de cicatrisation possible. La matrice est très désorganisée, il existe beaucoup de nouveaux vaisseaux. La structure du tendon est très désorganisée et hétérogène. Cette présentation clinique dégénérative se rencontre chez les patients âgés, les sujets jeunes et les sportifs de haut niveau. On la rencontre aussi fréquemment chez un sportif amateur d’âge moyen pratiquant la course à pied 2 ou 3 fois par semaine. On peut retrouver un tendon oedématié et gonflé.
A ce stade, le sportif risque la rupture du tendon sur un effort brutal.
Les signes à l’imagerie sont nets : zones hypoéchogènes à l’échographie avec des signes au Doppler.
Au sein du tendon dégénératif au stade 3, il existe encore des zones saines dans le tendon d’Achille. Si le sportif continue de solliciter son tendon, alors ce sont les zones saines qui vont supporter la contrainte car les zones dégénératives et déstructurées ne sont plus en capacité de le faire. Ces zones saines vont alors développer une réaction comme au stade 1 au sein du tendon dégénératif.
Ce modèle réduit la pathologie tendineuse à une relation entre douleur et structure, or la pathologie tendineuse et le rôle de l’inflammation est plus complexe à comprendre. Par ailleurs, le mécanisme physiopathologique et anatomopathologique est encore mal compris.
Le tendon calcanéen est le tendon qui unit le muscle soléaire et les 2 gastrocnémiens (anciens Jumeaux) à l’os calcanéus qui est la partie osseuse du talon. C’est la réunion et la combinaison de ces muscles qui donnent le tendon d’Achille.
C’est le tendon le plus fort, le plus grand et le plus épais du corps humain. Il subit les contraintes les plus élevées de l’organisme. Il s’agit notamment des efforts de sprints, de sauts et de réception sur une jambe, parfois avec des charges supplémentaires (sac à dos ou poids de musculation).
Entre le tendon et l’os, il existe un coussinet graisseux (fat pad) à travers lequel passent les vaisseaux et les nerfs qui distribuent le tendon. Une grosse proportion de la force de flexion plantaire est due au muscle soléaire. Le tendon d’Achille peut s’étirer jusqu’à 4 % avant de subir des lésions et commencer à se rompre.
Comme tous les tendons du corps humain il est de couleur blanc nacré donc il est très peu innervé et très peu vascularisé et plus particulièrement dans sa portion moyenne, là où siègent de nombreuses tendinites, mais l’essentiel arrive par la face profonde du tendon.
La conséquence de la très faible innervation c’est que l’on sent la douleur lorsque les dommages sont déjà bien avancés (encore que nous ne soyons pas égaux sur ce plan).
Les conséquences de la très faible vascularisation c’est que le tendon d’Achille cicatrise très lentement (entre 3 et 12 mois), donc le traitement est long et il faut être patient. Il vaut mieux miser sur la prévention pour éviter la survenue d’une tendinite.
Les propriétés élastiques du tendon d’Achille changent avec l’âge et les blessures antérieures. L’évolution se fait naturellement vers un enraidissement de la structure et une perte d’élasticité des fibres de collagène qui le compose. La modification des propriétés mécaniques du tendon compromet les processus de réparation tissulaire et la cicatrisation des blessures mineures. Est-ce une cause ou une conséquence, le débat est ouvert.
Il faut noter la présence de 2 bourses séreuses qui facilitent le glissement du tendon sur l’os et les plans sous-jacents : la bourse rétrocalcanéenne située entre le tendon et l’os sous-jacent, et la bourse calcanéenne située entre le tendon d’Achille et la peau.
Quelques chiffres :
La tendinite d’Achille et la périostite ont des proportions d’incidence les plus élevées chez les coureurs à pied.
La plus fréquente des manifestations cliniques de la tendinite d’Achille est la tendinite corporéale au milieu du corps du tendon, avec parfois la palpation nette d’un nodule ou une petite boule au milieu du tendon.
Ensuite, vient la tendinite d’insertion du tendon sur l’os du talon (le calcanéus) et que l’on nomme enthésopathie. L’enthèse étant le nom donné à la jonction entre les dernières fibres du tendon et les premières travées osseuses.
La tendinite d’Achille se manifeste également chez des patients sédentaires, d’âge moyen, en surpoids, sans antécédent d’activité physique accrue.
L’écoute du patient, l’histoire de la douleur, sa localisation précise oriente les questions et les hypothèses diagnostiques.
La distinction clinique entre tendinopathie d’Achille et conflit postérieur de la cheville est essentielle. Il n’est pas rare de rencontrer des patients en échec thérapeutique traités pour tendinite d’Achille alors que le bon diagnostic est un conflit postérieur de cheville.
Le tendon est une structure vivante et qui présente une sensibilité mécanique, ainsi,le tendon du sujet sédentaire comme du sujet sportif subit des lésions et des cicatrisations en renouvellement permanent.
Un tendon ressenti sain et non douloureux est un tendon au sein duquel il existe un équilibre entre lésions et cicatrisations des fibres homéostasie.
L’hypothèse actuelle principale de la survenue d’une tendinite d’Achille est la perte de l’homéostasie, c’est-à-dire la modification de cet équilibre en faveur des lésions.
La charge d’entraînement et le niveau de contraintes appliquées sur le tendon ont un rôle déterminant dans le développement d’une tendinopathie.
Un entraînement en course à pied par exemple occasionne des lésions sur le tendon. Ces lésions sont physiologiques après un entraînement et c’est la base même du principe de surcharge pour entraîner les tendons et les forçant à s’adapter. Environ 48 à 72 heures après, le tendon se répare en cicatrisant et sa structure est plus forte, plus résistante qu’avant l’entraînement.
Si un nouvel entraînement très intense a lieu trop tôt, alors le tendon n’a pas le temps physiologique de se réparer et sa structure se dégrade. Si ce schéma se reproduit plusieurs fois dans le temps alors on se retrouve avec un tendon présentant le début de l’évolution de la tendinite.
Ce modèle de surcharge de contraintes sur le tendon avec le manque de capacité d’adaptation provoquant des tendinopathies par surmenage mécanique est le “gagne-pain” des kinésithérapeutes.
Il n’existe pas de lien clairement établi entre la quantité d’activité physique et le niveau de pratique sportive et la survenue d’une tendinite d’Achille.
Comme je l’ai déjà mentionné, il n’existe pas plus de tendinite d’Achille chez le sportif par rapport au sujet sédentaire.
En revanche, il existe une relation entre la charge d’entraînement imposée à l’organisme et aux tendons d’Achille et la survenue d’une tendinite calcanéenne.
Le mécanisme le plus souvent retrouvé à l’examen et l’interrogatoire est l’augmentation brutale de la charge d’entraînement. Il s’agit soit d’une mise au sport trop rapide, soit d’une reprise mal dosée, soit d’un changement de matériel, typiquement des chaussures de course à pied ou un changement de terrain.
Le remodelage et la cicatrisation d’un tendon d’Achille est long et s’étale entre 3 et 12 mois.
Une blessure ancienne mal soignée, ou lorsque la rééducation a été incomplète, laisse un déficit neuromusculaire et un manque de force du muscle triceps sural qui est en lien très étroit avec la survenue d’une tendinite d’Achille.
Une blessure ancienne, avec parfois une période d’immobilisation inadaptée, ou mal dosée, entraîne une normalisation histologique incomplète du tendon d’Achille et qui pourrait être la cause d’un retard de guérison ou de la récidive d’une tendinite d’Achille.
Contrairement à une croyance établie, il n’existe aucune preuve formelle d’une relation de cause à effet entre la pronation de l’arrière-pied de l’articulation subtalaire et la tendinite d’Achille. On retrouve une tendance à l’éversion subtalaire plus importante chez les sujets atteints de tendinite d’Achille et la durée de pronation est plus longue, mais pas plus importante en termes d’amplitude du mouvement.
Comme déjà évoqué plus haut, il n’existe pas de preuve et les résultats sont contradictoires lors de l’étude de la relation entre tendinite d’Achille et déficit de flexion dorsale de cheville. Il a été établie une relation entre tendinite d’Achille et flexion dorsale de la cheville limitée lorsque le genou est en extension mais cette corrélation n’est pas démontrée lorsque le genou est fléchi.
Il y a cependant une relation entre limitation de la flexion dorsale de cheville lors de la pose du pied au sol durant la course à pied et l’apparition d’une tendinite d’Achille chez les coureurs. D’ailleurs, on note une diminution de la vitesse de flexion dorsale de la cheville lors de la course à pied chez les sujets présentant une tendinite d’Achille.
Malgré les croyances établies il n’existe aucune relation entre la statique, la dynamique et la stabilité du genou et la survenue d’une tendinite d’Achille.
Aucune étude ne montre clairement une relation entre la force des muscles rotateurs externes de la hanche et la survenue d’une tendinite d’Achille.
Lors de l’examen clinique dynamique de la hanche, on retrouve fréquemment :
La force musculaire
Le muscle soléaire, très puissant et seul mono articulaire de la région est le muscle qui subit le plus le déficit de force. Chez les coureurs, il est courant de constater
Ces données récentes issues de l’analyse de la littérature ne permettent pas de conclure à la cause ou à la conséquence de la tendinite d’Achille.
Il existe une relation établie et référencée entre usage de fluoroquinolones et la tendinite d’Achille. Il s’agit surtout de l’ofloxacine et de la norfloxacine, qui sont des antibiotiques utilisés dans le traitement des infections bactériennes graves. Cette classe de médicaments est répurée pour des effets indésirables, comme notamment la survenue d’une tendinite d’Achille, souvent sur les 2 tendons simultanément.
Ce risque est encore plus marqué chez les patients de plus de 60 ans et les patients sous traitement de corticoïdes.
D’autres médicaments peuvent favoriser les tendinites d’Achille :
La génétique est de plus en plus étudiée dans les tendinites d’Achille et de nombreux gènes codent pour le collagène. Une mauvaise qualité des fibres de collagène ou des anomalies ou des modifications liées à l’avancée en âge semble être en lien avec la survenue d’une tendinite d’Achille.
Lors d’une tendinite d’insertion il faut être particulièrement vigilant et il existe plusieurs diagnostics différentiel :
En pratique quotidienne les 2 premières présentations sont souvent associées car les mécanismes pathologiques sont communs et liés. Dans le plus fréquent des cas, il s’agit d’un excès de charge sur le tendon d’Achille qui entraîne une compression sur la face postérieure du calcanéus (l’os du talon).
Il est fondamental de comprendre qu’en cas de flexion dorsale de la cheville (l’action de remonter la pointe de pied), il existe un lien très étroit entre le tendon d’Achille, la bourse séreuse, et l’os, qui crée une réduction de l’arrivée de sang et un excès de contrainte sur l’enthèse. En cas de flexion dorsale importante et d’un excès de contrainte sur le tendon, il se crée une irritation du tendon et/ou de la bourse séreuse qui prédispose au développement d’une tendinopathie réactive.
Si les contraintes sont maintenues dans le temps alors le tendon augmente son développement de fibres de collagène pour répondre aux contraintes et il se crée une calcification et/ou une ossification du tendon qui se voit aux radiographies.
Lors des études cadavériques ou lors des chirurgies du tendon d’Achille, il est observé les phénomènes pathologiques suivants :
Ces régions remaniées et déstructurées correspondent aux zones hypoéchogènes retrouvées à l’échographie et aux zones en hypersignal à l’IRM.
Est-ce qu’il existe une composante inflammatoire dans les tendinopathies et plus particulièrement dans la tendinite d’Achille? C’est une question qui est encore en débat aujourd’hui car la définition même de l’inflammation est complexe. Les études de biopsies montrent l’augmentation de certains peptides et cytokines (notamment le peptide lié à la calcitonine). Les fibres tendineuses qui sécrètent ces substances vont alors être activées et les substances sont détectées par les nerfs environnants qui provoquent la douleur. Cependant, dans les cas de tendinite chronique il n’est pas retrouvée de composante inflammatoire et le traitement n’a que peu d’effet.
La douleur tendineuse n’est pas encore très bien comprise, elle est très complexe et l’origine exacte est inconnue.
Il n’existe pas de preuve claire au sujet de l’augmentation de la supination du pied, mais cela entraîne un déroulement du pas sur le bord externe et latéral du pied lors de la phase d’appui du pied au sol qui augmente les contraintes sur le tendon d’Achille
Il est crucial d’écouter au mieux le patient pour lui faire préciser :
Il est nécessaire de questionner le patient sur son mode d’entraînement actuel : augmentation de la charge d’entraînement, changements de terrain, changements de chaussures, augmentation ou modification de l’entraînement en vue d’une compétition, reprise du sport après une longue interruption. Classiquement le retour au sport après une autre blessure est un cas fréquent.
il faut noter les gestes de la vie quotidienne qui reproduisent la douleur : monter / descendre les escaliers, conduite de la voiture, vélo, s’accroupir, marcher …
Inspection
Tests dynamiques
Palpation
Mobilité
Longueur musculaire
Force musculaire
Tests spécifiques
Questionnaire validé dans la littérature
Douleurs
La douleur n’est pas toujours le 1er symptôme à apparaître lors d’une tendinite d’Achille. Au début, on peut avoir une raideur matinale ou une raideur après une position assise prolongée, perte de performance dans la course et le saut. Il est crucial de se faire une idée de la douleur après l’exercice et l’entraînement.
Le plus fréquemment, la douleur se manifeste au réveil lors de la mise en charge et les premiers pas et peut s’estomper rapidement avec du repos et devenir plus douloureux avec l’effort. Au début de la maladie, la douleur peut se réveiller lors des premières minutes d’effort puis disparaître à chaude et revenir à froid lorsque le sportif revient au calme. Les sportifs sont d’ailleurs souvent capables de continuer leurs entraînements au début de l’évolution de la maladie.
La localisation précise de la douleur sur le tendon oriente le diagnostic clinique : douleur au milieu du corps du tendon, douleur à l’insertion du tendon sur le calcanéus. Si la douleur est plus interne alors il faut penser à d’autres causes. Une sensation de douleur profonde doit faire évoquer un conflit postérieur de cheville. En cas de tendinite, un œdème peut être présent autour du tendon et une sensation de crépitation du tendon peut être présente à la palpation.
Examens complémentaires / imagerie
Il est fréquent de recevoir un patient avec une partie du tendon dégénérative et une partie réactive. Il est important de noter et de rappeler aux patients que “l’exercice est la médecine”. L’exercice est la pierre angulaire du traitement des tendinites d’Achille, quel que soit le stade de prise en charge de la maladie.
Les modalités d’exercices les plus efficaces sont l’excentrique et le concentrique. L’isométrique n’arrive qu’après par ordre de preuve dans la littérature.
Il existe une capacité de réversibilité limitée dans la partie dégénérative donc il convient de s’intéresser aux parties saines du tendon et donc de renforcer ces fibres saines afin de faire en sorte que le tendon tolère mieux les charges d’entraînement.
Les traitements devraient viser à améliorer la force et la capacité du tendon dans le tendon normal. Un tendon pathologique semble compenser efficacement les zones de désorganisation en modifiant son architecture pour maintenir des volumes suffisants de fibres de collagène alignées.
Les techniques et modalités de traitement passives ont un intérêt limité : massage, physiothérapie, laser, radiofréquence, ultrasons, électrothérapie.
Les patients atteints de tendinite d’Achille souffrent d’une faiblesse de la flexion plantaire et d’une faiblesse importante du muscle soléaire. Cette faiblesse se retrouve des 2 côtés.
Il existe des protocoles de rééducation et de renforcement des tendons : Stanish, Alfredson, HSR (Heavy Slow Resistance). Ils ont tous démontré leur efficacité dans la littérature mais parfois ils ne sont pas efficaces sur certains patients en raison du manque de temps consacré au protocole et un manque d’observance du traitement prescrit. Il faut 12 semaines de traitement minimum pour obtenir un résultat probant.
Le renforcement du muscle soléaire isolé est une nécessité absolue dans la prise en charge de cette tendinite. Le protocole HSR comprend des charges lourdes et des contractions lentes qui ont un effet bénéfique sur la rééducation du tendon.
Si le programme HSR prend moins de temps à réaliser sur une semaine, la satisfaction des patients est plus importante après 12 semaines. L’adhésion des patients est donc plus forte dans le protocole HSR que dans le protocole excentrique pur.
Le traitement en 1ère intention est le traitement conservateur.
Il faut dans un premier temps manager la douleur et retrouver un tendon indolore, donc savoir diminuer temporairement la charge exercée sur le tendon pour ensuite pouvoir réaugmenter progressivement.
La thérapie par la mise en charge progressive et les exercices thérapeutiques sont la base du traitement de la tendinite d’Achille. Le praticien commence toujours par des exercices sous le niveau de douleur du patient. L’efficacité de ce traitement est démontrée dans la littérature avec de haut niveau de preuves, à condition de suivre le temps de traitement (de 3 à 12 mois ) pour un effet pertinent sur la force des muscles.
Le praticien doit prendre en considération la variation des perceptions de la douleur et de la tolérance en fonction du patient. Il est important d’éviter la douleur modérée et sévère et l’aggravation des symptômes au fil du temps lorsqu’on considère le niveau d’activité. Il faut également utiliser l’intensité des symptômes et de la douleur comme guide pour déterminer le niveau d’activité approprié
Sous ce syndrome douloureux se cache en réalité 3 diagnostics différents :
L’une des causes de la survenue de cette pathologie est l’excès de contraintes en compression entre le tendon et l’os. La bourse séreuse rétro calcanéenne peut se retrouver comprimée, écrasée par la tension exercée sur le tendon contre l’os et réagir par une réaction inflammatoire, occasionnant de fortes douleurs locales, sensibles à la palpation.
La clé du diagnostic repose sur la compression trop forte qui existe entre la bourse séreuse, le tendon calcanéen et l’os. La plupart du temps cette tension et compression excessive est provoquée par une flexion dorsale trop importante.
Un excès de flexion dorsale associée à une exposition aux fortes charges d’entraînement prédisposent à la survenue d’une tendinite d’insertion par conflit entre l’os / le tendon calcanéen et la bourse sérieuse.
Le maintien dans le temps d’une tension excessive à cet endroit, provoque la tendinopathie d’insertion avec parfois la présence de calcifications intra tendineuses.
Cette forme de tendinite est favorisée par la présence d’un calcanéus proéminent parfois nommé improprement “maladie de Haglund”.
L’excès de contraintes est donc provoqué par un os proéminent, une tension excessive par la flexion dorsale prolongée et un excès de charge sur la zone. Il existe cependant une grande confusion dans la terminologie des termes représentant la maladie de Haglund ou le calcanéus Haglund : la maladie de Haglund associe une bursite rétrocalcanéenne avec une ostéochondrose du tendon d’Achille, parfois associée à une tendinite d’insertion du tendon sur l’os.
L’évaluation et le bilan clinique comporte les mêmes modalités que pour la tendinite corporéale du tendon d’Achille mais en portant une attention plus grande à la palpation de l’insertion et à l’interrogatoire du patient à la recherche de compression et de contraintes excessives sur l’enthèse. Le saut unipodal peut être peu douloureux étant donné que la flexion dorsale est absente, en revanche un saut à partir d’une position de squat ou de fente avant peut être extrêmement douloureux en raison de la flexion dorsale accrue.
Quid de l’imagerie ?
Enfin, gardons en tête qu’une tendinite d’insertion du tendon d’Achille peut être la manifestation d’une maladie inflammatoire chronique comme la spondylarthrite ankylosante, surtout si les douleurs sont présentes des 2 côtés en même temps.
Le traitement de cette tendinite d’insertion du tendon d’Achille comporte les modalités indiquées plus bas. Il est inutile et inefficace de considérer la bursite rétro-calcanéenne seule. Le programme de rééducation reprend les 4 étapes expliquées ci-après en faisant très attention à éviter au maximum les flexion dorsales de la cheville car comme nous venons de le voir, elles augmentent la compression et les contraintes sur le tendon et l’os.
Les étirements sont contre-indiqués dans cette pathologie car ce sont des positions en flexion dorsale de la cheville qui provoquent l’irritation de l’enthèse.
Les mots clés pour le traitement de la tendinite d’insertion sont : progressivité des charges de renforcement musculaire. Cette progressivité se traduit en volume, en charge, en répétition et en durée de la récupération.
Quelques mots sur la bursite rétro calcanéenne.
Cette pathologie n’est en général pas isolée et est présente en même temps qu’une tendinite d’insertion du tendon sur l’os. L’inflammation de la bourse séreuse donne de fortes douleurs de chaque côté du tendon ainsi qu’un œdème localisé qui correspond au gonflement de la bourse séreuse.
Les études de la bouse sérieuse pathologique montre un épaississement des parois, une dégénérescence, des calcifications et accumulation de cellules avec augmentation du liquide intra bursal.
La question se pose alors de savoir qui est le premier élément à devenir pathologique : la bourse séreuse ou le tendon à l’insertion sur l’os ? L’un des éléments cliniques favorisant la douleur d’origine bursale est la douleur lors d’efforts très modérés comme la marche sur terrain plat ou des montées / descentes pointes de pied très légères.
Quelques mots sur la bursite superficielle sous-cutanée.
Comme nous l’avons vu, il existe une bourse séreuse favorisant le glissement entre le tendon et la peau. Celle-ci peut s’inflammer et devenir douloureuse. Les signes cliniques sont un gonflement localisé, une rougeur et de fortes douleurs. Celles-ci se manifestent dans un contexte d’effort inhabituel parfois avec des chaussures neuves ou avec un contrefort très rigide.
On rencontre également cette forme de la pathologie dans des sports avec des chaussures particulières comme le ski, le snowboard, le skate, le bowling, la boxe, etc.
Le traitement consiste simplement à éviter des chaussures trop serrées et éviter les sources de compression et de friction à ce niveau.
L’objectif ici est d’arrêter le cycle dégénératif de la progression des lésions au sein du tendon.
Indice de charge < 0.25.
Lors de cette phase, le kinésithérapeuthe recomabde l’arrêt des surcharges d’entraînement délétères et un repos sportif relatif.
Il aura également recours à des techniques passives :
Et des techniques actives :
L’objectif est de restaurer le tonus musculaire des triceps suraux et de commencer à entraîner à nouveau les muscles en force et en endurance.
Indice de charge compris entre 0.25 et 0.5
Le praticien aura essentiellement recours à des techniques actives :
L’objectif est d’augmenter la charge sur le tendon et de renforcer les muscles.
Indice de charge compris entre 0.5 et 0.75
Les techniques actives utilisées sont :
Quelques points de vigilance :
L’objectif est de pouvoir à nouveau supporter des entraînements quotidiens.
Indice de charge > 0.75
Les exercices pliométriques sont intensifiés avec prudence et les entraînements intensifs devront être espacés de 72H de récupération.
Techniques actives utilisées :
Dans le cadre d’un retour à la course à pied, voici une semaine type d’entraînement lpour un retour à la compétition sans risques :
La tendinite d’Achille, regroupant de nombreux cas cliniques différents, est très fréquente tant chez les sportifs que chez les sédentaires.
La prise en charge conservatrice, basée sur une prise en charge active et des exercices thérapeutiques est la pierre angulaire du traitement et elle devra être prolongée au-delà de 6 mois. Les programmes de renforcement devront être effectués des deux côtés.
Elle doit concerner le soléaire mais également les muscles glutéaux, les fibulaires, les muscles intrinsèques du pied et l’ensemble du complexe cheville / pied.
Le mode de renforcement ne doit pas s’arrêter au renforcement excentrique comme dans certains protocoles mais bien aussi les modes concentriques et isométriques en faisant varier les différentes vitesses de contraction.
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